Mirage entre terre et mer.

C’est un espace si étroit, une frontière entre deux mondes, l’un visible et l’autre qui ne l’est qu’en surface. La mer, le monde aquatique, décrit dans toutes les cultures chamaniques comme celui de l’invisible, un monde renversé, peuplé d’esprits.

Tous les étés, ceux qui le peuvent partent en vacances et se regroupent dans cette interstice entre visible et invisible, réel et irréel pour se couper de leur quotidien pénible et reposer leur esprit. Le reste de l’année on vit habillé, nos corps à l’abri du regard des autres, mais ici, entre terre et mer, certaines règles n’ont plus cours.

Dés qu’on pénètre dans cet espace en dehors et coupé d’un monde de plus en plus anxiogène et rempli de périls, un sentiment irréel et de légèreté s’empare de nous. Etre à la plage c’est s’extraire du monde avec insouciance, ne pas ou ne plus y penser dans l’atmosphère hypnotique produite par le bruit de fond du flux et du reflux de la mer et cette lumière blafarde qui fait plisser les yeux, comme dans un rêve, protégé de l’inquiétude du monde.

En réunissant cette série de photos d’archives au long cours, je me replonge avec nostalgie dans ces sensations de plaisir et de douceur aux parfums d’enfance. Toutes ces couleurs vives, serviettes, maillots, jouets et parasols qui s’harmonisent de manière si gaie et parfaite avec ces bleus omniprésents et ce sable pastel.

Dans cet espace si ouvert, si libre de toute contrainte, les corps deviennent des éléments qui composent une image esthétisante, trop belle pour être vraie. Mirage...