Kenyan Roadside.

En 2016, je me suis rendu deux fois au Kenya pour réaliser des films sur deux projets, l’un sur la distribution de filtres à eaux domestiques l’autre sur celle de foyers améliorés pour des populations rurales. Ces tournages ont demandé de parcourir beaucoup de route où je pouvais regarder le paysage défiler devant mes yeux. En passant, mon regard était attiré par une incessante série de petites scènes de vies qui se passaient en bord de route. Attiré par les couleurs, les lignes, les silhouettes, je capturais et composais des images que je découvrais dans leurs détails plus tard. La route permet l’accès à un espace auparavant vierge d’activité humaine, elle pénètre un territoire sauvage et par ce fait même lui retire cette qualité. Elle rend possible une destruction en même temps qu’une création, celle qu’on nomme développement. Comme une veine elle apporte un flux. Elle lie une ville ou un village à un(e) autre, des véhicules l’empruntent pour transporter des hommes et des marchandises, le commerce se fait, certains ne font que passer comme moi, d’autres s’y installent sur ses rives comme aimantés par les opportunités de subsistance qu’elle crée. Depuis un espace vide, des commerces se mettent alors à pousser sur ses bords pour approvisionner les voyageurs qui passent tandis que les nouveaux habitants attendent patiemment que ces derniers choisissent de s’arrêtent à leur niveau. Ce sont d’abord des cabanes ou étals faits de simples branches et de tôles, y sont ajoutés des écriteaux faits à la main pour indiquer ce qu’on y vend, des couleurs vives pour attirer la préférence, puis des planches et du béton apparaissent pour créer les prémices de l’urbanisation. La route crée la ville.